Description des otiorhynques
Les otiorhynques sont des coléoptères appartenant à la famille des Curculionidés (Charançons), dont de nombreuses espèces sont présentes en France. Les plus fréquemment rencontrées et les plus dommageables sont : L’otiorhynque de la vigne (Otiorhynchus sulcatus), le charançon des racines de fraisiers (Otiorhynchus ovatus), le charançon de la framboise (Otiorhynchus singularis) et le charançon à stries rugueuses (Otiorhynchus rugosostriatus) Toutes ayant sensiblement le même mode de vie nous nous concentrerons sur le plus fréquent : l’otiorhynque de la vigne.
Ce petit coléoptère noir-marron avec de petites tâches jaunes sur le dos mesure 7 à 10 mm. Ces élytres sont soudées ce qui le rend incapable de voler. L’adulte sort uniquement la nuit où il peut se déplacer sur plusieurs dizaines de mètres. Photo adulte. Les femelles pondent de petits œufs blancs (0,7 mm) directement dans le sol. Les larves de l’otiorhynque sont des vers blancs pouvant mesurer jusqu’à 12 mm avec une tête orangées/brunes. La particularité de ces vers est qu’ils ne présentent pas de pattes apparentes contrairement aux larves de hannetons.
Biologie des otiorhynques
Les adultes otiorhynques sont des insectes nocturnes, ils sortent la nuit pour se nourrir des feuilles, des bourgeons et parfois des jeunes écorces. En journée, ils restent cachés généralement entre la terre et la paroi des pots, sous le paillage ou des planches, dans la litière …
Une des particularités de l’otiorhynque de la vigne est que sa population est uniquement composée de femelles qui se reproduisent par parthénogenèse : Elles n’ont pas besoin d’être fécondées pour pondre et donne naissance à des femelles uniquement. Cette méthode de reproduction entraîne rapidement une forte infestation.
Une femelle vit en moyenne de 5 à 12 mois (parfois jusqu’à 3 ans), durant cette période elle peut pondre jusqu’à 3000 œufs ! Les œufs mettent une dizaine de jours avant d’éclore. Les larves qui en sortent vont se nourrir de tubercules et racines durant plusieurs mois avant d’entrer en diapause hivernale. Au début du printemps ces vers blancs se changent en nymphes qui donneront naissance à de jeunes adultes.
En extérieur on observe une seule génération par an. Par contre, en serre les larves n’entrent pas toujours en diapause et continuent à s’alimenter durant l’hiver.
Symptômes et dégâts provoqués par les otiorhynques
Les adultes se nourrissent uniquement des parties aériennes des plantes, les dégâts sont avant tout d’ordre esthétique. Ils s’alimentent des bordures des feuilles en faisant des encoches semi-circulaires (Feuilles poinçonnées). Les bourgeons et écorces vertes des arbustes et jeunes arbres peuvent aussi être attaqués.
L’apparition des ces symptômes doivent néanmoins vous alertez. Les larves qui se trouvent dans le sol se nourrissent dans un premier temps de matière organique puis de racines. Elles peuvent même s’attaquer à la base des tiges. Les plantes privées de leurs racines ne sont plus correctement alimentées en eau. La croissance est stoppée, les feuilles jaunissent, flétrissent et la plante se dessèche. On peut noter qu’une seule larve peut tuer une plante lorsque la base des tiges commence à être atteinte.
Cultures sensibles aux otiorhynques
Les otiorhynques sont des insectes très généralistes au niveau de leur alimentation.
• Les cultures fruitières : Framboisiers, fraisiers, vignes …
• Les arbustes de terre de bruyère : Rhododendrons, azalées, hortensias, camélias, magnolias …
• Les haies et autres arbustes ornementaux : Lilas, troènes, forsyhias, lauriers tins, photinias, rosiers …
• Les vivaces : Cyclamens, heuchères, sédums …
Lutte bio contre les otiorhynques
En prévention
Lors d’un achat de plantes sensibles aux otiorhynques contrôlez si les feuilles ne présentent pas les dégâts caractéristiques des adultes (Feuilles mangées, dentelées en périphérie, poinçonnées …) . Au moment de planter, vérifiez qu’il n’y ait pas des vers blancs dans les racines de la motte.
Le développement des otiorhynques est favorisé par de fortes chaleurs et une sécheresse. Pensez à bien arroser les cultures sensibles.
En curatif avec des traitements bio
Il existe un traitement bio et naturel pour éliminer les larves présentent dans le sol : Les nématodes Hb anti vers blancs et otiorhynques. Les nématodes Hb (Heterorhabditis bacteriophora) sont petits vers microscopiques entomopathogènes : C’est-à-dire qu’ils s’attaquent uniquement aux insectes. Ils pénètrent dans leur proie par les voies naturelles, la tue avant de se multiplier à l’intérieur. Une larve d’otiorhynque parasitée va donner naissance à plusieurs centaines de milliers de nématodes qui vont à leur tour partir à la recherche d’un nouvel hôte. L’efficacité de ce traitement est de l’ordre de 95% dans de bonnes conditions d’application.
Pour éliminer les adultes des pièges contenant des nématodes Sc ont été mis au point en se basant sur leur mode de vie. Il s’agit d’une planche de bois avec sur sa face inférieure des rainures contenant des nématodes sous forme de gel. Les adultes vont se cacher dans ces rainures la journée et entrer en contact avec les nématodes. Ils se retrouvent parasités et meurent rapidement.
Les adultes sortent la nuit, si vous êtes assez patient vous pouvez les récolter à la main à la lueur d’une lampe torche.
L’arrosage des plantes sensibles avec une décoction de tanaisie a un effet répulsif sur les larves. N’hésitez pas à en appliquer régulièrement pour une bonne efficacité.
En favorisant la biodiversité
Pour une lutte complémentaire et durable dans le temps, il est important de favoriser l’implantation des prédateurs naturels de l’otiorhynques
Les petits mammifères comme les hérissons et musaraignes sont des auxiliaires redoutables pour lutter contre les otiorhynques, il est donc très utile de favoriser leurs habitats en laissant des abris, litières de feuilles et de foins à leur disposition pour l’hiver.
Les carabes sont également de bonnes prédatrices de larves d’otiorhynques, laissez poussez des plantes sauvages au pied des haies attaquées et mettez leur à disposition des abris comme des souches et pierres. Il est également important de laisser des zones non labourées car les œufs de carabes pondus dans le sol sont très sensibles.
Tres intéressant et utile. Merci
J’ai découvert le fléau il y a deux ans. J’ai répandu des nématodes en octobre 2018, mai 2019, septembre 2019. A cause du confinement, je ne l’ai pas fait en avril /mai 2020. Est ce grave ? n’est ce pas trop tard ? je ne comprends pas les raisons de le faire deux fois par an, vu que la ponte intervient en août ? Parallèlement j’ai acheté des pièges pour adultes chez Truffaut, mais ce n’est pas très efficace (en plus d’être cher) . Je préfère la collecte manuelle. J’ai attrapé 190 individus en 2019 et là, j’en suis déjà à 120 alors que j’ai traité avec des nématodes trois fois de suite. Je suis découragée. Les nématodes, faut il en appliquer partout ou juste au pied des plantes infestées ? J’ai des copeaux de pins que je dois écarter à chaque fois, c’est une corvée. La dernière fois, j’ai répandu par dessus les copeaux de pin en arrosant beaucoup après.Est ce Ok ?
Merci pour votre réponse.
Une jardinière desespérée
Merci pour votre aide.